Note : cet article fait partie d’une sélection plus large de bons ouvrages business à avoir lu : la sélection Curatus. Pour un ouvrage plus opérationnel que Noise autour de l’art de la prise de décision, penses à Vous allez commettre une terrible erreur ! également par Olivier Sibony. Enfin, pour plus d’explication sur le mouvement Curatus, quelques éléments du manifeste ici.
Êtes-vous un spécialiste de l’art de prendre une décision sans biais ? Et si ce que vous appeliez jusqu’ici un biais était en fait du bruit ? Pouvez-vous encore améliorer votre capacité à prendre de bonnes décisions ?
Au tir au fusil, celui qui place tous les impacts au centre de la cible est un tireur précis. Si tous les impacts sont groupés ailleurs qu’au centre, nous il est précis aussi… mais avec un biais. Peut-être le viseur est-il mal réglé ou le canon tordu. Cependant, si nous la cible est touchée un peu partout, c’est du bruit.
C’est à ce sujet peu discuté que les auteurs s’attaquent : la variabilité et donc le bruit statistique. Le texte propose le mariage réussi de l’exigence intellectuelle et de l’application pratique : c’est documenté et prévis, mais applicable avec des synthèses régulières. Chacun y trouvera son compte !
Les auteurs définissent le bruit comme la variabilité dans les jugements. Et ils différencient « juger » de « penser » : le « jugement » est une mesure réalisée par l’esprit humain quand il sert d’outil. Par exemple, pour un diagnostic médical, la plupart d’entre nous préférons une réponse exacte plutôt qu’une variété de jugement. Pour autant, il est bénéfique et important qu’il y ait de la variabilité dans la pensée. Par exemple, la variabilité dans la critique artistique est souhaitable.
Au long du texte, on vous rappellera que notre jugement est beaucoup moins sûr que nous ne voulons bien l’admettre. Et que des règles ou des machines prennent souvent de meilleures décisions que nous. Vous apprendrez à identifier le bruit au travers d’une vision statistique du monde (même quand il n’y a qu’une seule décision à prendre) et à différencier le level noise du pattern noise et de l’occasion noise. Lisez le livre pour comprendre ces concepts !
Enfin, on vous suggèrera une série d’action pour limiter le bruit. Alors, chercherez-vous à être systématiquement précis ? Ou préférerez-vous continuer à être bruyant sans même le savoir ? La réponse vous appartient ! Prêt(e) à mener une révolution silencieuse ?
Quelques éléments que j’en retiens :
- L’expérience des listes musicales est particulièrement intéressante puisqu’elle consiste à rejouer l’histoire plusieurs fois. On remarque d’une part que le bon contenu finit toujours par surnager avec le temps et que du mauvais contenu peut se maintenir en haut des préférences collectives pour des raisons de mode et de conformisme au groupe
- Le chapitre sur les superforecasters est passionnant pour ceux qui cherchent à prédire l’avenir, il donne de très nombreuses pistes pour améliorer des prédictions et passer de l’art à la science
- La réflexion sur les guidelines est très proche de celle sur les checklists, en fait c’est le même sujet
- Les équipes ne prennent pas de meilleures décision ; elles peuvent même accentuer les biais. Il faut structurer le mode de prise de décision pour améliorer le taux de réussite
- Les outils pour supprimer le bruit sont en partie similaires à ceux pour supprimer les biais. Tant mieux !
- Les meilleurs experts sont ceux qui approchent les sujets avec ouverture d’esprit et méthode
- Il vaut mieux passer du temps à comprendre ceux qui sont en désaccord avec nous que ceux qui vont dans notre sens
- Avoir quelqu’un dans l’équipe en charge de repérer les biais et de les signaler peut servir
- Réduire complètement le bruit n’est peut-être ni faisaible ni souhaitable, en tous cas pas dans toutes les circonstances…
Je n’avais pas accrochés aux premiers chapitres qui me semblaient redondants de ce qui s’est déjà dit sur les biais, mais au vu de cette synthèse je vais insister un peu.
Les méthodes pour limiter le bruit ressemblent beaucoup à celles pour supprimer les biais. “Noise” est probablement moins “utile” que “Vous allez commettre une terrible erreur”. C’est une avancée intellectuelle intéressante d’attirer l’attention de tous sur le concept de “bruit” plutôt que de “biais”, mais je te rejoins sur le fait qu’il est une lecture moins “indispensable” que celles qui donnent une compréhension des biais… As-tu insisté ?