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Disques

Faire une sélection de disques est plus glissant que les autres listes. Une sélection de peintures le serait probablement tout autant. C’est très personnel. Et il y a une forte dimension de jugement. Il y a ce que l’on écoute, ce que l’on dit écouter et ce que l’on veut bien admettre écouter. Peut-être même y a-t-il des disques que l’on n’admettrait écouter que sous la torture. Qui admet ouvertement apprécier Frédéric François ?

A 19 ans je vivais en internat et servais de médiathèque musicale à tout le bâtiment. Des camarades, que parfois je ne connaissais pas, entraient dans ma chambre, prenaient des disques et marquaient à la craie sur le tableau noir au mur leur nom et ce qu’ils avaient pris. Ils rayeront leur nom eux-mêmes quand ils les ramèneront. Les nouveaux venus jugeaient souvent ma collection en deux temps. « Mais tu écoutes vraiment des truc pourris » venait d’abord. Le jugement de l’adolescent qui croit ses goûts musicaux supérieurs tombait en premier. Une minute plus tard venait « Ah ! Tu as celui-là. J’adore. Et tu as celui-là aussi. Incroyable ! ». La raison était simple : j’avais tout. Chaque semaine je débarquais moi-même chez un de mes camarades pour lui demander ses 10 disques préférés. Ma collection était l’accumulation des disques préférés autour de moi. Ma ligne directrice ? « Si quelqu’un peut aimer profondément une œuvre, alors moi aussi ».

La liste ci-dessous est différente de ma collection d’alors. C’est ce qui me touche personnellement. Pour une raison ou pour une autre.

L’observateur attentif notera beaucoup moins d’entrées à partir de mon 30ème anniversaire. C’est visiblement l’âge auquel je suis devenu « vieux ». Libre à chacun de s’en réjouir ou de s’en désespérer.

Les disques

1150. Hildegarde von Bingen.

1736. Statbat Mater, Pergolesi.

1827. Nocturnes, Chopin.

1917. Les planètes, Gustav Holst.

1954. Bill Haley and The Comets, Bill Haley and The Comets.

1957. Here’s Little Richard, Little Richard.

1960. John Baez, John Baez.

1963. The Freewheelin’ Bob Dylan, Bob Dylan.

1963. Mort d’Edith Piaf.

1965. Highway 61 Revisited, Bob Dylan.

1966. Sound of Silence, Simon & Garfunkel.

1967. Disraeli Gears, Cream.

1967. The Piper at the Gate of Dawn, Pink Floyd.

1967. Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band, The Beatles.

1967. The Doors, The Doors.

1967. The Velvet Underground & Nico, The Velvet Underground.

1967. The Bonzo Dog Doo Dah Band.

1968. Cheap Thrills, Big Brother & The Holding Company.

1971. Imagine, John Lennon.

1971. What’s Going On, Marvin Gaye.

1972. Mon frère, Maxime Le Forestier.

1973. Jacques Brel. Les dix albums dans la version où les tranches des albums forment son visage.

1977. Saturday Night Fever. La bande originale du film.

1979. Breakfast in America, Supertramp.

1981. Queen Greatest hits I & II, Queen. On le présente plus, c’est l’un disque le plus vendu au monde. Le groupe star des années 80 combine une musique de stade efficace à la virtuosité technique avec une touche de poésie chorale due à la variation des auteurs des titres au sein du groupe. Souvent imité, jamais égalé.

1985. Concerto pour détraqués, Bérurier Noir.

1986. Daniel Balavoine. Date de sa mort.

1988. Puta’s fever, Mano negra.

1988. Tracy Chapman, Tracy Chapman.

1988. Mademoiselle chante, Patricia Kaas.

1989. Alors Regarde, Patrick Bruel.

1991. Nevermind, Nirvana.

1991. Metallica, Metallica. Black Album.

1991. The Definitive, Simon & Garfunkel. Une bonne compilation des 6 albums des années 1960.

1992. Tostaky, Noir Désir.

1992. ABBA Gold: Greatest Hits, ABBA.

1993. The Nightmare before Christmas. Les musiques du dessin animé.

1993. Happy Nation, Ace of Base. Une de mes premières cassettes sur Walkman.

1993. Debut, Björk.

1994. Live Through This, Hole.

1994. Smash, Offspring. Mes années lycée. Mes années réseaux.

1994. Starmania dans la version Mogador. L’opéra rock de Michel Berger.

1995. (What’s the story) morning Glory, Oasis.

1995. Renaud. Pour toute sa carrière jusqu’à 1995. Après, il n’est plus que l’ombre de lui-même.

1996. Odelay, Beck.

1996. Le Meilleur de Tri-Yann, Tri-Yann. Compilation en 2 CDs.

1997. Louise Attaque, Louise Attaque.

1998. Clandestino, Manu Chao.

1998. Mamagubida, Tryo.

1999. Enfoncez l’clown, Bérurier noirs. La compilation.

1999. L’ère de rien, Blankass.

1999. Enema of the State, Blink-182.

1999. Jours étranges, Saez.

2000. Gainsbourg version femmes. Compilation de ses chansons chantées par des femmes.

2000. The Software Slump, Grandaddy.

2000. Ordinary Man, Day One.

2002. Quelqu’un m’a dit, Carla Bruni.

2003. Saisons, Laurent Voulzy. Son double best of.

2003. Sleeping with Ghosts, Placebo.

2007. Back to Black, Amy Winehouse.

2007. Blonde comme moi, BB Brunes.

2007. Life in Cartoon Motion, Mika.

2008. Fleet Foxes, Fleet Foxes.

2009. The XX, The XX.

2009. Triple Best Of, Alain Souchon.

2009. La Superbe, Benjamin Biolay. Textes d’exception.

2010. Thieves in the night, Hot Chip. Mon compagnon de concentration. Notamment sur Excel.

2010. Las Venus Resort Palace Hotel, Cibelle. L’album qui m’a fait basculer sur Deezer car même Virgin ne l’avait pas. La chanson qui m’avait interpelé dans le CD de démonstration du magazine Rock&Folk est une reprise, comme beaucoup des titres de l’album. C’est la mise en scène de dernier piano bar après la fin du monde qui est exceptionnelle.

2010. Contra, Vampire Weekend.

2010. La fiancée du crocodile, Vérone.

2011. Blonde, Coeur de pirate.

2011. La Tristitude, Oldelaf.

2011. Suarez, Suarez. Bel album.

2011. En équilibre, Carrousel.

2011. 21, Adele.

2011. Anna Calvi, Anna Calvi.

2012. Jake Bugg, Jake Bugg. Je regrette toujours de l’avoir manqué à l’Olympia. Ce soir là, je ne pouvais vraiment pas. Je ne sais plus pourquoi, mais je ne pouvais pas.

2012. Reno Bistan, bilan et perspectives.

2013. Après moi le déluge, Alex Beaupain.

2015. At Least for Now, Benjamin Clementine.

2016. L’insouciance, Baptiste W. Hamon.

2019. Johnny symphonique. L’artiste vieillissant signe un double best off maîtrisé sous forme de testament pour l’éternité. On notera en 29e et dernière chanson une reprise touchante de l’autre plus français des chanteurs belges. Propre.

2024. Cowboy Carter, Beyoncé. D’une rare maturité. Une oeuvre dont on sent que chaque seconde a été pensée et travaillée. Tout le contraire d’un album de jeunesse fougueux, insouciant et d’une improvisation inspirée. Là, on est face à une oeuvre culturelle riche et complexe. Rare.