J’ai découvert ce court classique préfacé par Jean-Paul Sartre au hasard d’un commentaire LinkedIn. La personne qui en suggérait la lecture assurait que sa dynamique s’applique à bien des situations modernes. C’est probablement exact. L’ouvrage est court, intelligent, piquant et en fait atemporel. À mon tour de le recommander.

Que l’on pense aux réactions diplomatiques Nord-Sud au 21ème siècle (notamment un certain rejet de l’occident), que l’on s’intéresse aux relations entre les équipes centrales du Corporate et à celles des filiales locales dans un grand groupe, au statut des expatriés ou aux dynamiques de fascination-répulsion générées par les Etats-Unis ou la Chine, il semble que la dialectique revisitée du maître et de l’esclave proposée par Albert Memmi ne soit jamais loin.

L’auteur a écrit ce livre pour tenter de comprendre pourquoi les couples mixtes qu’il mettait en scène dans ses romans ne tenaient jamais. Albert Memmi dispose d’une connaissance intime de la colonisation dans un rôle d’entre deux : ni vraiment colonisé ni vraiment colonisateur. Il nait juif tuniso-français à Tunis en 1920 et grandit sur place. Et lorsqu’il écrit un roman, il aime à placer des personnages de couples mixtes. Seulement voilà : le couple finit toujours mal. Pourquoi ?

Eh bien pour toutes les raisons exposées dans ce court essai qui fait d’abord le portrait du colon avant de faire celui du colonisé. Et qui explique, sans aucun chiffre, mais de manière plutôt convaincante que cela ne peut pas fonctionner. Cela n’a jamais fonctionné et cela ne fonctionnera jamais.

Prenez donc une heure à l’occasion pour lire ce petit ouvrage qui offre une plongée dans le monde de la colonisation française, représente de fait le manifeste de la décolonisation après-guerre et pourrait même vous ouvrir les yeux sur bien des dynamiques similaires autour de vous.

Une lecture utile et intelligente.


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