Si J.D. Vance n’était pas devenu en 2025 le vice-président de la première puissance économique mondiale, Hillbily Elegy serait resté le livre qu’il était au départ : le témoignage poignant d’un jeune homme intelligent et travailleur qui est parvenu à suivre des études supérieures et à obtenir un bon job alors qu’il partait de très loin.
C’est ce que raconte J.D. Vance dans l’introduction et le sujet du livre qu’il écrit à 31 ans en 2016. A l’époque, il n’a rien réalisé de bien significatif de sa vie. Si ce n’est que d’entrer à la Law School de Yale puis dans le monde des avocats d’affaires et de la finance alors que son milieu socio-culturel le destinait à tout sauf cela. Sans entrer dans le détail, l’enfance de l’auteur est chaotique au sein d’une famille complexe marquée par la pauvreté financière, le manque d’éducation, la drogue, l’alcool et l’absence de repères fiables. A tel point que celui qui s’appelle aujourd’hui J.D. Vance a changé plusieurs fois de nom de famille… et même de prénom. Les initiales J.D. n’ont pas toujours signifié la même chose à l’Etat civil.
Pour celles et ceux qui se demanderaint comment l’auteur s’en est sorti, la réponse est : une grand-mère particulièrement autoritaire et obstinée qui a permis une forme de stabilité ; l’armée américaine (les Marines) entre 18 et 22 ans pour réinstaller les bases éducatives qu’il n’avait pas eues ; des opportunités qu’il a prises pendant son service notamment en Iraq ; puis un parcours stellaire en université d’Etat du fait d’un style de vie monacal et d’une force de travail rare. Ceci lui a permis d’accéder à la Law School de Yale.
Pourquoi mentionner ici cette élégie (note : une élégie est un poème lyrique exprimant une plainte douloureuse, des sentiments mélancoliques) ? D’abord c’est bien écrit. Par ailleurs, c’est court, plutôt intéressant et une plongée dans l’Amérique profonde telle qu’on la voit dans les films de Clint Eastwood. Celle qui ne fait pas rêver et qu’on n’a pas envie de voir. C’est une belle histoire probablement en très grande partie parfaitement véridique. C’est un beau rappel qu’on n’a pas tous eu la même enfance. Même si on peut trouver bien pire encore comme début de vie.
Ensuite, cela permet de mieux saisir le fonctionnement d’un personnage qui fait l’actualité et qui détonne. J’ai lu les mémoires de J.D. Vance en partie à la suite de certaines de ses déclarations et actions au premier trimestre 2025. J’ai pensé : « Soit il est fou furieux et complètement idiot, soit je suis en train de manquer quelque chose. Et on n’arrive pas là où il est sans qu’il y ait quelque chose que d’autres ont compris et pas moi ». En lisant le livre, on comprend.
On comprend quoi ? Je laisserai cela à l’appréciation de chacun. Et pour compléter cette lecture qui permet notamment de saisir le tournant que semble prendre le monde en 2025, je suggérerais End Times de Peter Turchin, Bienvenue en économie de guerre de David Baverez, et l’heure des prédateurs de Giuliano da Empoli. Ces trois ouvrages et celui de J.D. Vance sont liés par un thème commun et récurrent.
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