50 références. Quel score sur 100 obtiendrez-vous ?

— Article publié dans ESSEC Reflets Magazine. En ligne ici. En pdf plus bas.

Les études sociologiques sont partout. On les trouve citées dans les articles de presse, les essais, les livres business, les conférences, les cours, les discours et dans bien d’autres circonstances. Collectivement, elles forment un formidable corpus de savoir quant au fonctionnement de l’humain. Les plus célèbres font partie de la culture générale. Savoureuses, intrigantes, éclairantes, révolutionnaires ou simplement amusantes, chacune a ses raisons d’avoir passé l’épreuve du temps, mais aucune ne parvient à la postérité sans raison. Elles gagnent toutes à être connues. D’ailleurs, les connaissez-vous ?

Ci-dessous, comptez un point si vous en avez entendu parler et deux points si vous sauriez l’expliquer.  

Le temps long

Certaines études durent des semaines et parfois des vies. La célèbre Robbers cave (1954) suit deux groupes d’enfants sur trois semaines pour montrer comment un esprit de tribu se crée. La classe divisée (1968) étudie la formation de préjugés au sein d’une classe d’enfants. Celle dite du Marshmallow (1972) lie la capacité à patienter des enfants à leur succès futur. La dérangeante prison de Stanford (1971) fut arrêtée après six jours, mais se voulait plus longue. La plus longue est probablement l’étude d’Harvard sur le développement de l’adulte. Débutée en 1938, elle continue encore avec les descendants des participants. Enfin, exceptionnel, le cas des sœurs Polgar (1965 et après) dont le père a dédié sa vie à prouver, démonstration familiale à l’appui, que l’excellence se fabrique et n’est pas innée.

Les biais

Les plus nombreuses concernent les biais de jugement. L’effet halo(1920s) démontre l’influence qu’a la perception d’un élément sur celle du tout. L’effet Hawthorne (1920s) documente le changement d’attitude quand nous nous savons observés. L’expérience de Asch (1951) montre notre tendance à suivre l’avis du plus grand nombre. La magie du nombre sept (1956) place à 7 plus ou moins 2 le maximum d’idées manipulables à la fois. Le concept de dissonance cognitive (1957) analyse nos réactions quand les faits nous déplaisent. La fameuse expérience de Milgram (1961) montre comment l’uniforme ou le statut social nous poussent à l’obéissance. La poupée Bobo (1961) analyse notre tendance à imiter. Celle de la boîte à bougie (1962) prouve l’effet négatif d’une rémunération trop importante. L’expérience du bon samaritain (1973) s’intéresse à quand et pourquoi nous nous arrêtons pour aider. L’illusion du contrôle (1975) étudie notre irrationalité face au hasard. Le Car Crash Experiment (1977) démontre l’imprécision de nos souvenirs. Celle du faux consensus (1977) observe que chacun s’imagine que la majorité pense comme lui. The Sunk Cost Fallacy (1985) détaille notre tendance à nous enfermer dans nos choix passés. Plus récemment, celle dite du gorille invisible (1999), frappe quant à notre incapacité à percevoir notre environnement ; l’effet Dunning-Kruger (1999) caractérise les experts débutants – qui surestiment leurs connaissances, et les confirmés – qui les sous-estiment. Le paradoxe du choix (1999) montre l’incapacité à choisir devant trop de possibilités ; et le violoniste dans le métro (2007) est devenue emblématique de l’importance de la mise en scène. Plusieurs auteurs ont brillamment analysé et expliqué ces biais. Cialdini dans Influence (1984) et Dan Ariely dans Predictibly Irrational (2008). Moins connus, mais qui peuvent changer votre vie : Mangot dans Heureux comme Crésus (2012) et Wiseman dans The Luck Factor (2003). Indispensables !

Des animaux et des hommes

Ces études s’appuient parfois sur l’observation animale. Comme l’expérience de Pavlov (1901), mais aussi L’impuissance apprise de Seligman (1967) qui montre l’impact de nos expériences passées pour résoudre nos problèmes actuels. Ou encore Dunbar (1992) qui, grâce aux singes, établit à 150 le nombre de relations humaines maintenables dans la durée ; et l’économie des singes (2003) de Waal qui nous apprend qu’ils tiennent une comptabilité. D’autres se veulent spécifiquement humaines. Le Myers-Brigg’s Type Indicator (MBTI) inspiré des travaux de Carl Jung, crée 16 segments en 4 jeux de lettres : E/I, S/N, F/T et J/P. L’ennéagramme propose 9 personnalités. Encore plus simple : DISC et ses 4 couleurs.

Les expressions…

Certaines études sont passées dans le langage courant ou presque. On pense à la hiérarchie des besoins de Maslow (1943) ou à la reproduction sociale (1970) de Bourdieu. Mais aussi à l’effet Veblen (1899), quand l’augmentation du prix accroît le volume consommé, ou au concept de bouc émissaire (1972) de Girard. Et chaque secteur dispose de ses classiques. La théorie de la vitre cassée (1982) est bien connue des urbanistes. Les professionnels des médias sont familiers du concept de Long Tail (2006) d’Andersen. Quels sont les classiques dans votre secteur ?

…et les lois

Pas toujours rigoureuse scientifiquement, mais proverbiales : loi de Parkinson, de Goodheart, de l’instrument, de Murphy, de Hofstaedter, mais aussi le point Godwin et le principe de Peter, loi de Sturgeon et loi de Pareto. Saurez-vous retrouver chacune ci-après ? Tout prend toujours plus de temps que prévu ; 20% explique 80% ; un employé est promu jusqu’à son niveau d’incompétence ; tout semble un clou à celui qui a un marteau ; un travail prend le temps qu’on lui impartit ; toute discussion finit par mentionner le nazisme, moment auquel elle s’arrête ; tout ce qui peut mal se passer finira par mal se passer ; 90% de presque tout est inintéressant ; un indicateur devient pernicieux quand il se mue en objectif.

Alors, quel est votre score ? Demandez à votre IA préférée de vous renseigner sur les références inconnues ou intrigantes. D’ailleurs, la liste est loin d’être exhaustive, rassemble surtout les plus connues et certaines sont – à tort ou à raison – décriées. Vérifiez vos sources avant de partager à votre tour leurs histoires et leurs enseignements ! Notre monde moderne semble parfois une expérimentation grandeur nature quant à la capacité du vrai de surnager dans un maelstrom d’information et de désinformation.



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