« Pour l’homme courageux, chance et malchance sont comme sa main droite et sa main gauche. Il tire parti de l’un comme de l’autre. »
Catherine de Sienne (1347-1380)
« Je viens de me rendre compte qu’il y a un cours que j’aurais dû vous faire… Cela fait dix-huit mois que l’on vous explique pour que réussir il faut du talent et du travail. Mais il y a une chose qu’on a oublié de vous dire. C’est que pour réussir… il faut de la chance. » Celui s’exprime ainsi est Philippe Gabilliet, alors responsable du programme MBA de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris. Après cette introduction en forme de boutade suivent six minutes d’explications limpides quant à l’art et la manière d’avoir de la chance à répétition.
Si vous n’avez jamais vue cette vidéo intitulée « Le facteur chance ? », prenez un court moment pour la trouver sur Internet. Passez outre sa faible qualité d’image : elle fut tournée en une prise un soir par des étudiants avec du matériel amateur. Si vous préférez une meilleure qualité de vidéo, essayez la conférence Pourquoi la chance sourit-elle aux audacieux ? Le même Philippe Gabilliet reprend le contenu dans un format plus long pour l’USI (Unexpected Sources of Inspiration). Entre les deux prises, il a considérablement travaillé sa présence sur scène. Cette-fois ci le spectacle est aussi intelligent sur le fond qu’il est travaillé sur la forme. Bravo l’artiste !
Et si vous préfériez une version écrite ? Procurez-vous son petit ouvrage sur le sujet : L’éloge de la chance. L’auteur vous rappellera la formule pour ne pas avoir de chance : « Il est assez facile de tenir la chance à distance ; les malchanceux le font d’ailleurs très bien. Il suffit d’adopter durablement une attitude plutôt fermée et égoïste, tout en manifestant une défiance généralisée à l’égard de son prochain, assortie d’un manque de curiosité et d’une aversion profonde pour toute prise de risque. Ajoutez à cela un brin de pessimisme et une humeur généralement morose (voire carrément mauvaise) et l’amer cocktail de la déveine et des opportunités ratées sera prêt à être dégusté. »
Et l’auteur vous insufflera quelques astuces pour « passer en mode chance » et bénéficier systématiquement des opportunités qui se présentent. La méthode ? Être disponible, créer des connexions, recycler les moments de malchance, posséder une intention et montrer de l’audace. Il s’agit donc d’abord d’être capables de remarquer les moments de chance quand ils se présentent. Il s’agit ensuite d’en provoquer un maximum en se mettant en mouvement et en rencontrant du monde. Ensuite, il convient de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de savoir tirer parti même des apparents coups de malchance. Une fois ces bases posées, il reste à savoir où l’on va (faut-il rappeler qu’il n’y a pas de vent favorable au capitaine sans objectif ?), à en parler autour de soi pour bénéficier de son entourage et à agir quand l’occasion se présente.
Facile ? Peut-être. Ou peut-être pas tant que cela. Pour une réflexion érudite et documentée sur le sujet, prenez le temps de parcourir le très court ouvrage de Philippe Gabilliet. Cela peut vous changer la vie. Et si le sujet vous intéresse assez pour en chercher les démonstrations académiques ainsi qu’une série d’exemples concrets, vous pouvez l’approfondir au travers des études du Britannique Richard Wiseman publiées sous le titre The Luck Factor. Vous y trouverez moins de références historiques et moins de citations, mais plus de chiffres et de témoignages individuels.
L’auteur vous divulguera les douze credo du chanceux qu’il a tirés des milliers de questionnaires qu’il a fait remplir lors de ses études sociologiques. Les voici en langue originale :
- I sometimes chat to strangers when queuing in a supermarket or bank
- I do not have a tendency o worry and feel anxious about life
- I am open to new experiences, such as trying new foods or drinks
- I often listen to my gut feelings and hunches
- I have tried some techniques to boost my intuition, such as meditation or just going to a quiet place
- I nearly always expect good things to happen to me in the future
- I tend to try to get what I want from life, even if the chances of success seem slim
- I expect most of the people that I meet to be pleasant, friendly and helpful
- I tend to look on the bright side of whatever happens to me
- I believe that even negative events will work out well for me in the long run
- I don’t tend to dwell on things that haven’t worked out well for me in the past
- I try to learn from the mistakes that I have made in the past
Tout au long de l’ouvrage, Richard Wiseman partage les détails et ces résultats de ses multiples expériences sociales à grandes échelles ainsi que les comptes-rendus de centaines d’entretiens réalisés avec des individus qui se considèrent comme particulièrement chanceux ou particulièrement malchanceux. Il en ressort que les personnes chanceuses sont plus observatrices de ce qui se passe autour d’elles, diversifient les expériences et donc les rencontres, écoutent leur intuition pour suivre leur cœur et font preuve d’une attitude positive face aux événements.
Que retenir de tout cela ? En anglais : « happy go lucky » ; en latin : « Audentes Fortuna juvat » ; et en français : « Aide-toi, le ciel t’aidera. ». Et pour aller plus loin sur ce sujet majeur, quelques vidéos divertissantes et deux courts ouvrages peuvent aider.
Alors, bonne chance ? Peut-être plutôt : « Bon travail ! »
Curatus est une initiative pour faire lire aux professionnels plus d’ouvrages… professionnels. Lisez le manifeste. C’est aussi une sélection d’excellents livres pros regroupés au sein du Guide Curatus. Et une maison d’édition qui édite par exemple les Règles du jeu professionnel. Rejoignez le mouvement !